Les Vitrines Intérieures
Tout public
Les Vitrines Intérieures est un spectacle de rue ou plus précisément du théâtre de vitrine.
Nous investissons les commerces vacants ou en transition, les vitrines de magasins à l’abandon pour proposer une déambulation dans la ville.
Nous allons chercher le spectateur sur son territoire, nous nous installons sur ses trajectoires, dans son quotidien pour lui raconter un autre quotidien, le surprendre, l’inviter à nous suivre sur des territoires moins occupés, l’inviter à chercher les vitrines habitées comme à une chasse au trésor.
Ces histoires se racontent tout d’abord par l’espace, par le décor lui-même, par son univers sonore. Les vitrines choisies proposeront des installations plastiques qui pourront rester une semaine ou plus comme exposition avant d’être investies par ses occupants.
Le passant va plonger dans le quotidien de personnages et au fur et à mesure du jeu, ces espaces intérieurs vont être manipulés, métamorphosés par l’action même de leurs habitants. Toutes ces solitudes, qui vivent simultanément, vont provoquer des situations de cause à effet chez les autres, un extra-quotidien burlesque, poétique et fantasque.
Les Vitrines Intérieures est un spectacle évolutif à combinaisons multiples qui s’enrichit au grès de ses rencontres avec les habitants.
Les Vitrines Intérieures sont cofinancées par l’UNION EUROPÉENNE dans le cadre du Fond Européen Agricole pour le Développement Rural (LEADER)
La ville de Châtel-Guyon est coproducteur du projet et accueille en résidence l'association pour sa première étape de création.
Le projet a reçu le soutien du ministère de la Culture et de la Communication DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes, du Département du Puy de Dôme et de la SPEDIDAM.
Ce projet est à ses premières étapes de création, il va se développer sur plusieurs années, et évoluer au fur et à mesure de ses résidences de territoire avec la participations d'habitants.
Des formules à la carte peuvent être envisagées pour être jouées ou s'installées sous forme de résidences, proposer des ateliers, des interventions scolaires...
L'équipe
Conception et mise en scène : Yolande et Patricia Barakrok
Scénographie et réalisation : Yolande et Patricia Barakrok
Chorégraphie : Sandrine Sauron
Création Lumière : Hervé Georgeon / Catherine Reverseau
Création Sonore : Alain Le Foll
Réalisation Machineries : Dr Prout / Maxime Barnabé
Jeu : Sandrine Sauron, Louis Terver, Maxime Barnabé, Yolande , Patricia Barakrok et un groupe d'habitants.
Assistante : Lisa Henry
Photographie et stop motion: Paquito Couet
Vidéo et montage: Eliott De Souza Barakrok
Calendrier
2017
Clermont-Ferrand
Le 7 octobre à 9h, 10h, 20h et 21h pou Effervescences
Le 14 octobre à 19h et 21h
Le 15 octobre à 15h
Festival Open BOOM#EN GRAND / Effervescence
Représentations à l'issue d'une résidence avec la participation d'un fantastique groupe d'habitants.
Châtel-Guyon
Le 24 mai à 15h
Le 26 mai à 19h et 21h
Le 27 mai à 15h/19h et 21h
Le 28 mai à 11h/17h et 20h
Résidence, sortie de création avec la participation d'un merveilleux groupe d'habitants.
2018
Esch-sur-Alzette (Luxembourg)
Le 5 mai pour la Nuit de la Culture
Représentations à l'issue d'une résidence toujours avec la participation d'incroyables habitants.
Entretien réalisé par Amélie Rouher
Comment vous est venu l’idée de ces vitrines intérieures ?
Patricia :
Ce projet est né de la volonté de travailler dans des espaces non dédiés. C’est sans doute parce que nous sommes plasticiennes de formation. Nous voulions également travailler sur des territoires reculés pour se mettre sur le chemin de publics qui ne vont pas au théâtre. Enfin, il y avait cet attrait pour la ville de Châtel-Guyon et en particulier ce lieu magique qu’est le Grand Hôtel. Au commencement de notre projet, nous projetions l’idée d’un spectacle visuel que l’on pourrait voir de l’extérieur de ses fenêtres ; c’est en nous promenant dans les rues de la ville nous avons trouvé ces vitrines de boutiques abandonnées…
Yolande : Ce sont des lieux entre deux-vies, des lieux en friches, des dents creuses qui portent une histoire et que nous avions envie de porter à la connaissance des gens. Les faire descendre dans la rue au milieu de ces îlots de commerces à moitié désertés. Nous voulions les surprendre avec ce qui appartient à leur quotidien pour qu’ensemble ils recréent du lien social.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est pour vous une vitrine intérieure ?
Yolande : La vitrine intérieure, c’est un paradoxe. Il s’agit de montrer à l’extérieur ce qui se tient à l’intérieur des âmes. Une vitrine agit comme un miroir. Il s’agit de montrer toutes ces richesses intérieures que nous portons en nous et qui sont rendues invisibles par l’apparent anonymat de nos vies, par les préjugés que nous portons également sur les autres sans les connaître.
Patricia : Chaque vitrine explore une solitude, celle d’un personnage. Elle donne à voir ce qu’il y a de plus profondément intime, de plus secret dans ses états d’âmes. Une vitrine est la projection de son être invisible. Ainsi, nous partons de faits minuscules, une femme qui fait des canevas, une autre qui détricote des pulls, un homme qui fête son anniversaire. Nous faisons grossir de manière fantastique ces petits faits pour en montrer la richesse cachée, les tirer vers la magie.
Yolande : Nous voudrions aussi rendre sensible la perception du monde de ces personnages. Ce que nous voyons, ressentons ne relève en réalité que de nos projections, de la manière dont nous sommes façonnés socialement, culturellement etc… Les prismes qui filtrent notre rapport au monde sont tous différents. Nous ne le voyons qu’à partir de ce que nous sommes. Nos personnages sont ainsi : ils sont enfermés dans leur solitude qui se projette sur la toile des décors ; si eux ne peuvent voir autrement, la projection de leur monde dans une vitrine ouvre le champ d’exploration sensible à d’autres personnages.
Comment se font ces liens entre les vitrines et leurs personnages ?
Yolande : Les vitrines tissent entre elles des systèmes d’écho, des coïncidences qui donnent à voir l’ensemble de ces signes. Que le spectateur tisse ces liens ou pas, ils existent. Cela passe par les décors, par des récurrences visuelles, comme par exemple la figure du cerf ou du flamand rose que l’on retrouve d’une vitrine à l’autre. Ce sont des liens invisibles entre les personnages, comme des rimes intérieures.
Patricia : Il y a comme un effet de contamination entre chaque personnage. Mêmes s’ils ne se croisent pas, ils créent des coïncidences dont d’autres vont s’imprégner sans le savoir. Nous ne sommes pas différents d’eux : nous imprimons des images, des instantanés qui sont ces impressions intérieures qui, par combinaisons, vont plus tard motiver nos désirs et nos choix. Entre les décors et les personnages il y a ces coïncidences. Au spectateur de les saisir ou pas…
Qui sont Les habitants habités ?
Yolande : Ce sont des habitants de la ville, des amateurs. Ils sont là pour tisser des liens, pour créer des points de fuite entre les vitrines. Les spectateurs sont libres de les suivre ou pas. Sandrine Sauron, la chorégraphe qui les a fait travailler en amont, a fixé un canevas de jeu mais elle s’est surtout appuyée sur leur personnalité. Ils ont donc une partition chorégraphiée mais ouverte pour qu’ils puissent improviser de nouvelles trajectoires. Ils circulent d’une vitrine à l’autre, fabriquent des analogies et ainsi participent à l’écriture de ces possibles.
Quels sont les références culturelles qui ont inspiré les vitrines ?
Yolande : Nos références fonctionnent comme des résonances culturelles que le spectateur peut ou pas retrouver. Dans les décors profus des vitrines, on peut retrouver la maison de Jacques Tati aussi bien que l’ascenseur du Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson. Le spectateur peut les identifier par empathie comme des réminiscences personnelles. Une référence touchera un spectateur et pas l’autre. Il n’y a pas de hiérarchie dans cet ensemble foisonnant. Par-delà la culture savante, il y a le monde dans lequel nous avons été élevées qui est celui d’une culture populaire et ouvrière dans laquelle nous avons baigné enfants. Le théâtre c’était les fêtes patronales ou le spectacle naturellement pittoresque du café du village…
Patricia : Dans la marmite, nous sommes faites de tout cela, d’une culture générale, artistique et d’une éducation populaire : Wes Anderson, Proust, Perec et puis le café de nos grands-parents… tout cela prend place et fait écho dans les vitrines.
C’est donc le spectateur qui écrit son spectacle…
Le spectateur imagine sa trajectoire, choisit, il n’y a pas de chemin imposé. Bien sûr, Il y a un cadre dramaturgique, une rigueur interne qui détermine un chemin des possibles avec toute la part d’inconnu que cela comporte…
Le spectateur va trouver des échos qui lui sont propres. Ce qui nous intéresse c’est provoquer sa mémoire involontaire, ces petits sursauts de reconnaissance accompagnés de cette émotion impalpable que l’on ressent lorsqu’on reconnait une référence qui nous est familière…
Qu’est-ce que vous voulez provoquer chez les spectateurs ?
Nous voulons désigner une nouvelle manière de tendre leur regard vers le monde et vers les autres, un regard bienveillant, généreux et tendre. Nous voulons également susciter un émerveillement du quotidien, celui que nous pouvons tous avoir parfois.